Silent Hill f se distingue des autres volets de la série par son cadre unique : le Japon des années 1960. Ce choix n'est pas un hasard, mais une décision à la valeur narrative et symbolique précise. Comme l'a expliqué le producteur Motoi Okamoto, cette époque représente une période de répression intense des femmes, mais aussi une rupture avec la tradition, grâce à l'émergence des premiers mouvements pour les droits des femmes. Nous avons appris que l'héroïne, Hinako Shimizu, était décrite par le producteur comme une jeune femme refoulée, forcée de vivre en marge car elle ne se conforme pas aux normes féminines dominantes : mariage précoce, maternité et obéissance familiale. Le cœur de son histoire est la lutte intérieure contre cette marginalisation et le courage de se rebeller contre des forces écrasantes, transformant le traumatisme en résistance. En ce sens, le jeu rappelle la tradition de la saga Silent Hill, dans laquelle les personnages sont confrontés à des cauchemars psychologiques reflétant une douleur réelle et non résolue.

Les années 1960 offrent un cadre narratif idéal : d'un côté, elles sont suffisamment proches du présent pour être reconnaissables, de l'autre, suffisamment éloignées pour évoquer une aura mythologique. Comme l'explique Al Yang, directeur du jeu Silent Hill f, c'est l'époque où l'on reconnaît peut-être un téléphone, mais où l'on n'a peut-être jamais utilisé de cadran rotatif. Cette tension entre familiarité et distance historique rend ce décor fascinant et contribue à la construction d'une horreur psychologique ancrée autant dans la mémoire que dans l'allégorie.

Okamato a déclaré ce qui suit :

Les années 1960 furent une époque où ce type de répression était répandu, mais ce fut aussi l'une des périodes les plus marquantes de l'histoire japonaise pour le mouvement des droits des femmes. C'est pourquoi vous reconnaissez peut-être un téléphone, mais vous n'avez peut-être jamais utilisé de cadran rotatif ; c'est précisément cette frontière entre passé et mythologie.