Dans le New York des années 1970, Donald J. Trump (Sebastian Stan), fils de millionnaire, veut gravir les échelons dans l'immobilier. L'entreprise immobilière que dirige son père sévère Fred Trump (Martin Donovan) fait l'objet d'une plainte pour pratiques de location racistes. Donald supplie le tristement célèbre avocat Roy Cohn (Jeremy Strong) de s'occuper de l'affaire et sa persévérance est couronnée de succès. Roy, qui était dans les années 1950 le conseiller du chasseur de communistes McCarthy, saisit l'occasion de promouvoir la carrière du jeune capitaliste et lui apprend des méthodes peu scrupuleuses, voire illégales, comme le chantage. Donald devient un entrepreneur célèbre qui construit des hôtels de luxe à New York, puis investit architecturalement dans le monde des casinos d'Atlantic City. Il passe du statut de jeune homme d'affaires incertain et curieux à celui d'homme de succès au sang froid, pour qui la recherche du profit personnel est tout. L'amour qu'il porte à sa première épouse Ivana (Maria Bakalova) ne tarde pas à se refroidir et Roy devient lui aussi un fardeau lorsqu'il commence à avoir des problèmes et finit par contracter le sida. Mais Donald continue à suivre les règles d'or de Roy.

Dans son long métrage « The Apprentice - The Trump Story », le réalisateur irano-danois Ali Abbasi (« Border », « Holy Spider ») ne fait qu'éclairer un chapitre de la vie du 45e président américain Donald J. Trump. Il s'intéresse à l'ascension du jeune fils d'entrepreneur new-yorkais en nabab de l'immobilier dans les années 1970 et 1980. C'est à cette époque, selon l'interprétation d'Abbas et de son scénariste Gabriel Sherman, issu du journalisme politique, que s'est forgée la philosophie du succès de l'homme de pouvoir Trump. Sherman et Abbasi donnent du suspense au drame en plaçant au centre la relation de Trump avec son promoteur sans scrupules Roy Cohn. Roy Cohn, doté d'un regard hypnotique par l'acteur Jeremy Strong, est au fond le personnage bien plus intéressant que le jeune Trump lui-même. L'homme fait chanter les conseillers municipaux et les juristes new-yorkais, et obtient même de cette manière que la ville en difficulté exonère le promoteur Trump de ses impôts. Cohn, capitaliste invétéré, prêche à Trump les trois règles du gagnant : premièrement - attaquer, deuxièmement - tout nier, troisièmement - se déclarer vainqueur, ne pas admettre la défaite. Le public, qui connaît les accusations de fraude électorale de Trump après la perte des élections présidentielles de 2020, a ici une expérience ahurissante. Sebastian Stan incarne le jeune Trump, un homme certes plein de volonté, mais sous la coupe de son père. Il admire les méthodes de Roy, mais doit d'abord s'habituer à son sang-froid. Il les adopte bientôt avec d'autant plus de soin. Le luxe dont il s'entoure est intimidant. La relation avec Ivana, également entreprenante, et son frère malchanceux donnent lieu à des scènes dramatiques. Les brefs aperçus de la maison familiale sont également intéressants. Stan ne porte pas seulement le brushing typique de Trump, mais il entrouvre aussi les lèvres en parlant, comme son modèle réel. Pourtant, ce Trump cinématographique fait un peu pâle figure. Les histoires d'ascension sociale selon le principe que tout revient au vainqueur ont déjà été racontées dans de nombreux films, comme par exemple dans la série télévisée « Dallas ». Cette fois encore, il y a certainement des spectateurs, et pas seulement en Amérique, qui considèrent que le parcours ultracapitaliste décrit n'est pas si immoral ou condamnable. Trump se résume ici à quelques traits de caractère, esquissés de manière frappante, et ses émotions humaines restent en grande partie invisibles.