L'auteure Cécile Cécile Cée raconte dans une quête intime sa sortie d'amnésie traumatique et réalise qu’elle a subi l'inceste. Elle commence par le fait de reconsidérer l’inceste non pas comme un vice isolé dans quelques familles mais comme le résultat d’un système patriarcal – et bien plus fréquent qu’on ne veut le voir.

Dans un livre très riche en références et à la fois graphiquement très beau, Cécile Cée revient sur sa propre sortie d’amnésie traumatique. Face à l’inceste, elle illustre avec beaucoup de justesse et d’intelligence la difficulté des victimes à sortir du silence, mais aussi la difficulté du rejet par le clan familial. “On pense que l’inceste c’est une histoire de sexe […] mais c’est tellement autre chose l’inceste. C’est avant tout un rapport à la vérité, ET AU SILENCE”. L’inceste est une histoire de domination, de vérité alternative, de mots comme “amour” ou “bien” qui ne veulent plus rien dire, de renversement de la responsabilité, d’inversion des rôles entre agresseur et victime, et de silence autour du clan, au sein du clan, pour que rien ne bouge et que tout continue comme avant. Régulièrement cité, le titre du livre de Dorothée Dussy “Le Berceau des Dominations - Anthropologie de l'inceste”, vient aussi signifier ceci : l’inceste pousse à l’extrême des mécanismes que l’on retrouve dans toutes les dominations. Il pose des verrous sur le corps et l’esprit d'un enfant sur cinq. Cela nous rappelle que lorsqu’on cherche à remettre en cause une domination, on se heurte à la violence des dominants qui font tout pour que rien ne change.