Blandine (Blandine Madec) arrive à Paris en provenance d'une petite ville du front de mer normand. Et elle n'arrive pas n'importe quand, non. C'est l'été. Mais pas n'importe quel été, non. C'est l'été des Jeux olympiques de 2024. Le chaos. Des millions de personnes s'amusent, des millions d'autres fuient la ville comme elles peuvent. Blandine est une jeune fille innocente et tendre, mais aussi quelque peu éclipsée. Elle est là pour plusieurs raisons, notamment retrouver sa demi-sœur et rencontrer sa nièce, ou voir son athlète préféré en action. Mais rien ne se passe comme prévu. Ce qui suit est une Blandine en mouvement constant, arborant un léger sourire timide d'engagement à chaque nouveau malheur. Presque sans s'en rendre compte, la première demi-heure du film s'est écoulée, largement suffisante pour comprendre à quoi ressemble cette petite personne, Blandine, encore une femme adulte et jeune, qui ne sera jamais la plus populaire ni la plus célèbre pour sa rhétorique. C'est plutôt une personne que vous ne vous souviendrez pas d'avoir vue au premier abord, à cause de sa personnalité, de sa façon de s'habiller, voire de son apparence. À première vue, elle semble un personnage ennuyeux, sans grand-chose à dire ou à apporter. Pas du tout. À vrai dire, cette première partie, consciente qu'elle est destinée à poser les bases de l'histoire, laisse un peu las. Mais le meilleur reste à venir. La léthargie et l'apathie de Blandine ne font que masquer un fardeau émotionnel caché. Une fois qu'elle rejoint, presque par obligation, sa demi-sœur adorée, elle devient un personnage secondaire, une simple apparition qui traverse la vie de quelques personnages. Mais dans ce genre de « road movie », il y a de la place et du temps pour que certains personnages touchent au moins l'âme de notre protagoniste, comme sa nièce, avec qui elle se confie avec toute l'aisance qu'elle n'a pas avec sa sœur.

Blandine apparaît dans la vie de sa sœur ou de son ex-beau-frère à des moments étranges de leurs univers respectifs, où tout est bouleversé. Pour eux, elle n'est qu'une ombre, plus ou moins dérangeante, à l'opposé d'eux et de la ville : Blandine, le petit village face à la mer normande, et eux, le chacun pour soi de Paris en plein cœur des Jeux olympiques. Dans ce tourbillon d'émotions qui les entoure, le tourbillon du tourisme et la ville qui vit chaque jour comme s'il s'agissait de la dernière et ultime bataille, Valentine Cadic et sa coscénariste Mariette Désert décident de filmer Blandine et sa solitude. Une solitude bien gérée, où elle se sent bien, et dont chaque rencontre est pour elle un cadeau du ciel qu'elle savoure en quelques mots avant de se replonger dans l'absence de compagnie humaine – même si elle en est constamment entourée –, une chose dont elle est plus consciente qu'il n'y paraît au premier abord, mais il ne s'agit pas de révéler plus de détails que nécessaire. Comme déjà dit, le début du film a semblé un peu lent et ennuyeux. Certes, c'est voulu, et cela nous plonge parfaitement dans ce personnage, que l'on pourrait considérer comme quelque peu idiot. Mais ensuite, au fil du film, il se transforme progressivement, révélant son vrai visage et nous plongeant dans un état de malaise, où d'innombrables petites batailles éclatent, avec Blandine comme témoin involontaire – le moment au commissariat est brillant. Et lorsque le cinéaste nous tient dans sa paume, nous influençant à sa guise, le film s'achève, ne durant que 77 minutes.