María, jeune écrivaine devenue mère à peine, apprend une nouvelle bouleversante : une Française a noyé ses jumeaux de dix mois dans sa baignoire. María est alors obsédée par l’infanticide : pourquoi cette mère a-t-elle fait cela ? Dès lors, l’ombre de l’infanticide la hantera comme une possibilité terrifiante.

Présenté au 77e Festival international du film de Locarno, « Salve Maria » nous transporte de Médée à Cogne, puis à Pifferi. Le récit est peuplé de mères confrontées à des symptômes souvent non traités, menant parfois à la tragédie. Adapté du roman  « Las madres no »  de Katixa Agirre , le film touche l'âme.  Le pouvoir de fascination répugnant du  « syndrome de Médée », ce récit mythologique d'une mère qui tue ses enfants , est intemporel. Et il est facile d'expliquer pourquoi, sans justification,  « Médée »,  en grec, signifie  « rusée ». Cela en dit déjà long sur le caractère de cellz qui, pour atteindre ses objectifs, n'hésite pas à commettre avec une ruse délibérée les crimes les plus atroces, y compris le meurtre de ses propres enfants. Salve Maria  lève le voile sur un tabou  dont on ne parle pas assez :  la dépression  post-partum , le manque d’instinct maternel et  les effets secondaires de l’accouchement. Être mère est  une expérience à la fois irrationnelle et viscérale  , impliquant des syncrétismes difficiles à gérer. Qu'il s'agisse de  mastite , de la mise à l'écart de sa  liberté et de son existence , d'hibernation ou de la fin d'une carrière et de ses conséquences sur la vie sexuelle d'une femme devenue mère, le film,  dans sa seule version crédible, c'est-à-dire le  thriller mêlé au documentaire,  met bien en lumière les dommages collatéraux de la maternité. Des changements physiques, du lait qui coule des seins ou des hanches qui s'élargissent, la transition vers un esprit qui perd la tête se produit en un instant. Coll le met bien en évidence, ne juge pas, se limite à des sons tortueux,  une  conception sonore  acrylique , martelante et épuisante  comme les  pleurs exagérés et ininterrompus de l'enfant , pour donner une saveur, une odeur, une couleur à ce malaise. Les performances sont excellentes, y compris celle, un peu folle, de la protagoniste qui conclut son délire, à la fin du film, en dansant joyeusement et librement dans une discothèque.