Pendant la guerre civile qui ravage son pays natal, le Guatemala, Maria ( Bérénice Bejo ) travaille dans la clandestinité et participe à la résistance contre le régime. Devant l'intenable, elle s'enfuit au Mexique en 1976 et y construit une nouvelle vie sous un faux nom, tandis que son fils Marco reste avec sa mère au Guatemala. Dix ans plus tard, en pleine préparation de la Coupe du monde de football, Maria reçoit la visite de sa mère, qui ne peut plus s'occuper de Marco ( Matheo Labbé ) en raison de sa maladie. Parallèlement, Maria écrit un article sur les dirigeants guatémaltèques, qui doivent se rendre au Mexique pour la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde. Mais la situation au Mexique est tendue et lorsqu'un membre de la résistance est tué lors d'une opération de police, Maria et son camarade Miguel ( Leonardo Ortizgris ) paniquent. Les chefs de la résistance pressent Maria de renvoyer son fils au Guatemala ou à Cuba, où il sera soigné. Elle doit alors décider si elle veut continuer à se battre pour ses idéaux ou pour la sécurité de son fils.

Dans son dernier film, Nuestras Madres , pour lequel il a remporté, entre autres récompenses, la Caméra d'or au Festival de Cannes 2019 , le réalisateur César Diaz aborde l'histoire de son pays natal, le Guatemala. La longue guerre civile, qui a coûté la vie à 150 000 à 250 000 personnes, a laissé de profondes cicatrices sur le pays, sur sa culture et, bien sûr, sur de nombreuses familles, dont celle du cinéaste. Sa mère, qui travaillait pour la résistance, a été contrainte de fuir au Mexique pour sa propre sécurité, tandis que Diaz est resté chez sa grand-mère. Dans Mexico 86 , actuellement présenté au Festival de Locarno , Diaz raconte ce chapitre de sa propre biographie, mais aussi la lutte contre un système et les décisions que ce système a imposées à de nombreuses personnes. Dès la première minute, le spectateur est confronté à l'immense violence de la guerre civile. Maria, son fils dans les bras, assiste depuis la fenêtre de son appartement à l'exécution de son mari par la police en pleine rue. Cette image marque le début d'une fuite qui durera des années, quelles que soient les identités que la jeune femme se crée. Tout est temporaire et éphémère, et tout est sans cesse en jeu, non seulement sa vie, mais aussi les objectifs de la lutte, car l'ennemi est puissant et invisible. Avec l'arrivée de son fils, un dangereux exercice d'équilibriste s'engage pour Maria, qui tente de concilier son propre combat avec la normalité que son fils exige d'elle. Les moments où une certaine normalité est évoquée, comme un match de football dans le parc ou la fête d'anniversaire d'un camarade de classe, ont un prix élevé et ne sont, une fois de plus, que des répits temporaires dans cette vie de fuite. Diaz mêle éléments dramatiques aux conventions du thriller, mettant notamment en évidence la paranoïa de son héroïne, qui doit se défendre contre un ennemi invisible et prêt à tout. Les personnages de Mexico 86 mènent un autre combat, celui entre leurs propres besoins et les idéaux de la résistance. Le jeu de Bérénice Bejo souligne le conflit intérieur de son personnage, menacé d'être déchiré par une tâche apparemment impossible. Des acteurs comme Leonardo Ortizgris soulignent également cet aspect de l'intrigue par leur jeu, ce qui confère au film une tension intense, le spectateur se demandant constamment comment les deux personnages vont décider. Leurs destins semblent symboliser ceux de nombreuses autres personnes déchirées par la guerre au Guatemala ou condamnées à la fuite éternelle. Le film se présentant comme un drame, les aspects politiques de l'intrigue passent au second plan, notamment dans le dernier tiers. C'est regrettable, mais cela n'enlève rien à la tension évoquée précédemment.