![]() Plate-forme : Bande Dessinée Date de sortie : 22 Octobre 2025 Editeur : Développeur : Genre : Bande dessinée Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Scénario et dessin : Tatsuki Fujimoto Chainsaw Man est une série toujours en cours de parution et qui a connu un total de vingt-et-un tomes à ce jour aux éditions Shueisha. Les pouvoirs du chien-démon-tronçonneuse Pochita sont utiles contre les puissants démons. Mais quand son "employé", le jeune Denji, finit par être tué par un démon, Pochita se sacrifie pour lui sauver la vie et le faire revivre. Mais maintenant Denji renaît comme une sorte d'étrange hybride humain-démon. Il est désormais Chainsaw Man. A présent, il vit dans la grande ville et devient un chasseur de démon officiel après avoir été recruté par un mystérieux groupe. Mais il a beaucoup à apprendre sur son nouveau travail et ses pouvoirs de tronçonneuse ! Dans la deuxième partie qui débute avec le tome douze, Tatsuki Fujimoto nous présente la nouvelle protagoniste Asa Mitaka, qui est initialement présentée comme une jeune étudiante qui vit dans la solitude à cause de la haine réciproque de ses camarades de classe. Après une trahison inattendue et comme seule solution de survie, Mitaka finit par être possédée par Yôru, le Démon de la Guerre, un monstre qui alterne sa propre personnalité obsessionnelle avec la sienne et qui lui permet de transformer tout ce qu'elle considère comme sa propriété en armes de massacre. Après cette fusion, le démon lui fixe un seul but : en finir avec Chainsaw Man, à qui il en veut. De son côté, Chainsaw Man est devenu un héros qui sauve (de manière assez discutable) les gens des autres démons... une tâche que Denji alterne avec une vie scolaire ratée qu'il compte bien résoudre en révélant bruyamment sa véritable identité... mais pour contrecarrer ces tentatives, il y a Hirofumi Yoshida, un Devil Hunter dont la mission est justement de préserver l'anonymat de Denji. Si le tome 19 de Chainsaw Man annonçait déjà une descente brutale dans le chaos, le tome 20 confirme que Tatsuki Fujimoto a décidé de pousser son œuvre vers un territoire encore plus troublant, violent et métaphysique. Loin d'offrir un répit après le sacrifice de Nayuta et la désintégration littérale de la réalité, ce tome introduit de nouvelles strates de désespoir et d'expérimentation narrative, avec l'apparition du Black Chainsaw Man comme symbole de tout ce qui est interdit. Ce qui, dans le tome précédent, était l'effondrement émotionnel et conceptuel de Denji, devient ici une fracture irréversible qui menace de le consumer, lui, ses relations et le monde entier. Le tome 19 s'achèvait sur l'image bouleversante de Nayuta, victime des jeux politiques et démoniaques qui entourent Denji. Cette perte déchaîne la rage incontrôlable du Démon à la Tronçonneuse et inaugure un arc narratif où la mort et le sacrifice ne sont plus de simples métaphores, mais de véritables outils narratifs. Fujimoto, sans détour, anéantit tout espoir : Nayuta n'est pas une source de motivation future, mais le carburant d'une terrifiante métamorphose. Le tome 20 s'ouvre sur la figure de l'Homme à la Tronçonneuse Noire, une manifestation difforme de Denji après le franchissement d'un seuil émotionnel. Il ne s'agit pas du héros grotesque que nous connaissons, mais d'une version encore plus mortelle, un reflet sombre qui semble se nourrir du désespoir collectif. Fujimoto le dessine dans un style plus sauvage, plus proche du croquis que du détail anatomique, comme pour souligner que nous ne sommes plus dans le domaine de l'humanité, mais dans une dimension d'instinct pur et de dévastation. L'un des thèmes centraux de ce volume est la relation entre Asa et Yoru. Ayant mis leur lien à rude épreuve dans les volumes précédents, elles sont désormais confrontées à leur décision la plus radicale : utiliser comme arme ce qui était jusqu'alors considéré comme inviolable. Fujimoto pose la question sur un ton presque sacrilège : que sommes-nous prêts à profaner pour gagner ? Le dilemme d'Asa n'est pas seulement stratégique, il est existentiel, car il transforme son pouvoir en une métaphore de ce que la série explore depuis le début : la banalisation du corps, du désir et de la vie, réduits à de simples ressources dans une guerre sans fin. Pendant ce temps, Yoru est de plus en plus obsédée par l'idée d'utiliser cette interdiction comme un atout majeur contre l'Homme à la Tronçonneuse Noire. Le contraste entre la vulnérabilité d'Asa et la froideur de Yoru accentue la fracture identitaire, renforçant l'idée que le véritable champ de bataille se situe à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des personnages. Le nouvel antagoniste qui fait son apparition, le Démon de la Vieillesse, enrichit la dimension philosophique de Chainsaw Man . Son pouvoir ne se limite pas à la destruction physique ; il incarne le temps lui-même : dévorant la vitalité, accélérant le déclin et transformant l'existence en un processus d'usure inéluctable. Lors de son affrontement avec Denji et Asa, Fujimoto nous offre non seulement un spectacle de sang et de corps mutilés, mais aussi le sentiment d'affronter un ennemi invincible, qu'on ne peut vaincre ni à l'épée ni à la tronçonneuse, car son essence même est la certitude de la mort. La scène au bord du lac illustre magistralement cette ambiguïté. Le calme de l'eau contraste fortement avec la violence des événements qui se déroulent, comme si Fujimoto voulait nous rappeler que le temps, en fin de compte, poursuit sa course impassible, indifférent à la souffrance humaine. Cette immobilité transforme la bataille en un enfer sans fin, où chaque seconde semble se répéter et s'étirer dans une boucle insoutenable. Avec les tomes 19 et 20, Chainsaw Man confirme son statut de manga qui ne mise plus sur l'effet de surprise, mais sur la répétition. Fujimoto normalise l'indicible : la disparition de Nayuta, la souffrance psychologique de Denji, la disparition conceptuelle d'éléments fondamentaux comme les oreilles ou la bouche, et désormais l'existence d'un ennemi incarnant la fin de toute chose. Chaque page transmet le sentiment que l'humanité est condamnée non par un cataclysme extérieur, mais par l'incapacité des personnages à conserver le moindre espoir. : Dans la partie graphique, le tome 20 intensifie la brutalité déjà présente dans le tome précédent. L'apparition de l'Homme à la tronçonneuse noire est représentée par des compositions agressives, presque illisibles, qui renforcent le caractère chaotique du récit. Les combats contre le Démon de la Vieillesse se distinguent par le contraste entre les plans intimes – visages ravagés par l'angoisse – et les scènes de dévastation totale, où corps et paysages se désintègrent en un seul geste. Fujimoto semble se délecter de cette contradiction : la beauté du trait et la laideur de ce qui est représenté coexistent dans un équilibre troublant. VERDICT-Si le tome 19 représentait déjà un point culminant insoutenable, le tome 20 confirme que Chainsaw Man évolue dans un univers où la logique narrative traditionnelle n’a plus cours. Ici, l’élément crucial n’est pas le vainqueur ou le vaincu, mais la façon dont chaque personnage se brise face à un monde devenu absurde. Le Black Chainsaw Man, la volonté de Yoru de transgresser les tabous et le Démon de la Vieillesse font de ce tome l’un des plus radicaux de la série. Lus ensemble, les tomes 19 et 20 forment un diptyque brutal sur le désespoir et l'autodestruction. Fujimoto n'offre ni réponses ni réconfort : seulement un miroir déformant reflétant le pire – et le plus humain – de ses protagonistes. Un point de non-retour pour une série qui n'a jamais craint de remettre en question ses propres fondements. |