Replanter des souvenirs.

Il existe des jeux qui ne sont pas de simples jeux. Ce sont des lieux, des souvenirs, des escales dans notre mémoire. Le premier Plants vs. Zombies, sorti en 2009, est un jeu emblématique du jeu occasionnel. Il a vu le jour à une époque où le jeu mobile était encore simple, direct et surtout : honnête. On payait, et le jeu était à nous. Complet. Plants vs. Zombies n'a jamais eu besoin de nous convaincre de nous connecter tous les jours, ni de dépenser de l'argent pour gagner. Il était charismatique, amusant et parfaitement équilibré. Tout s'acquérait avec le temps et l'habileté. Aucune pression. Puis vint Plants vs. Zombies 2 : It's About Time , et avec lui le début de la fin pour cette philosophie. Malgré des idées intéressantes (nouveaux mondes, pouvoirs différents, design plus élaboré), le jeu fut plombé par un modèle free-to-play fastidieux . Des niveaux verrouillés nécessitant du farming intensif, des plantes vendues séparément, ce système du « revenez demain » pour continuer à jouer. Et le pire : aucune option pour payer et tout débloquer. C'était un flot incessant de mises à jour et de systèmes conçus pour prolonger artificiellement la durée de vie du jeu. Ce n'était plus une question de stratégie, mais de persévérance. Replanted corrige cette déviation. Il revient à ses origines. C'est le jeu original, avec un nouveau look, quelques ajouts spécifiques et, surtout : pas de gacha, pas de microtransactions, pas de fioritures inutiles. Ce qui a frappé en premier lieu avec Replanted, c'est précisément ça : c'est un jeu complet. On l'achète, on le télécharge, et c'est tout. Tout le contenu est là, complet. Campagne, modes supplémentaires, mini-jeux, tout est inclus. Pas de boutique, pas de monnaie virtuelle, pas de « plante premium ». Et ça change tout. C'est un jeu fait pour être joué, pas pour être monétisé.

La campagne principale reprend la structure du jeu original : cinq scénarios (jour, nuit, piscine, brouillard, toit) et 50 niveaux à la difficulté croissante. Chaque nouvelle plante est une pièce supplémentaire du puzzle, et le jeu vous laisse le temps de les tester et de comprendre comment les combiner, sans vous obliger à payer pour des améliorations. En 4 ou 5 heures, selon votre niveau, vous pouvez terminer la campagne. Et c'est là que les bonus entrent en jeu. Tous les mini-jeux classiques sont de retour : le bowling de noix, la machine à sous, le mode Survie. De plus, du nouveau contenu fait son apparition, comme le mode « Journée nuageuse » (où les tournesols cessent de fonctionner par temps couvert) et le mode « DEP », qui est en fait le mode difficile de la campagne : vous ne disposez que d’une seule tondeuse par niveau, placée aléatoirement, et vous devez jouer à la perfection. Ce mode, en particulier, m’a rappelé à quel point le jeu, malgré son apparence innocente, peut se montrer impitoyable. Nous proposons également le mode « Aventure+ », qui relance la campagne avec 3 plantes présélectionnées aléatoirement. Un détail anodin, certes, mais qui change radicalement votre approche à plusieurs reprises. Et même ce défi plus chaotique n'est jamais frustrant. Il vous incite simplement à repenser votre stratégie.

La nouvelle peinture du jardin.

Visuellement, Replanted ne cherche pas à être trop moderne. Fidèle à l'original, il l'est en haute définition. Plantes et zombies bénéficient de nouvelles animations, l'ensemble est plus net et plus fluide, sans pour autant perdre son charme cartoon. Les cinématiques sont plus soignées, le jeu s'affiche en format écran large et les couleurs sont vives sans être criardes. Certains puristes regretteront peut-être des détails manquants ou l'absence d'effets sonores (la bande-son dynamique, par exemple, semble avoir été simplifiée par rapport à l'original), mais dans l'ensemble, le résultat visuel est à la hauteur des promesses. La bande originale reste l'un des points forts. Malgré quelques absences, les morceaux présents remplissent parfaitement leur rôle. C'est le genre de musique qui vous replonge instantanément en 2009. Nous avons joué à Replanted sur PlayStation 5 et l'adaptation est excellente. Le jeu est parfaitement fluide, à 60 images par seconde constantes, et même si les commandes ont été initialement conçues pour la souris (ou l'écran tactile), la manette fonctionne à merveille. Sélectionner les plantes avec les gâchettes, utiliser le curseur avec le joystick analogique : tout est intuitif. Les menus, les niveaux, la collecte des soleils (qui s'aimante automatiquement à votre passage), tout a été intelligemment adapté. On a l'impression que le jeu a été conçu dès le départ pour ce type de contrôle. De plus, le jeu est léger. Il fonctionne parfaitement, sans saccades ni baisses de performance, et les temps de chargement sont rapides.

L'une des meilleures nouveautés est le bouton d'accélération du temps. Cela peut paraître anodin, mais il modifie considérablement le rythme du jeu. Au début, quand les zombies tardent à apparaître, cette fonction permet de rompre la monotonie. Et dans les derniers instants de chaque niveau, une fois le jardin entièrement aménagé, activer le turbo et voir tout exploser à toute vitesse procure une satisfaction immense. C'est le genre d'amélioration du confort de jeu qui respecte le temps du joueur moderne sans compromettre la conception originale. Le plus grand mérite de Plants vs. Zombies Replanted est peut-être celui-ci : nous rappeler que les jeux n’ont pas besoin d’être des plateformes ou des services. Ils peuvent être des expériences autonomes, avec un début, un milieu et une fin. On peut y jouer à son propre rythme, sans connexion quotidienne, sans pièces d’or scintillantes, sans notifications nous incitant à revenir. En 2025, c'est rare. Dommage en revanche qu'aucune version physique n'ait été proposée.