Inaptitude surréaliste.

Apprendre à connaître Nate est résolument étrange . C'est un grand enfant, toujours confiné aux soins de sa mère, dans l'innocence des heures passées devant la télévision avec ses émissions préférées, ses en-cas et ses jeux vidéo. Il est confiné dans la perfection de sa maison, dans le confort du sous-sol et dans l'oisiveté. Des habitudes toxiques qui le plongent dans le monde étrange de Baby Steps. Inconnu, surréaliste et indésirable pour Nate dès la première minute. Ce n'est pas un monde accueillant ; en fait, c'est intensément inconfortable. La seule issue ? L'explorer et découvrir qui y vit. Cette aventure représente la fuite du protagoniste face à l'inaptitude . Un voyage que Nate entreprend non par désir, mais plutôt par inertie. Le gameplay lui-même, ainsi que l'histoire proposée, en témoignent. Entre randonneurs, cavaliers et lieux inconnus, la série d'interactions force le grand bébé à sortir de sa coquille. Si son autorité initiale est fausse et vide, elle se teinte peu à peu de courage et de force, des qualités qui ne s'intégreront jamais pleinement à Nate, mais qui l'enrichissent et le transforment.  Baby Steps est un simulateur de marche surréaliste qui présente un récit de passage à l'âge adulte, accéléré , forcé et exagéré en tous points. Un cours intensif sur la maturité (essayée) qui vous invite à agir calmement, en réfléchissant à chaque geste pour atteindre votre objectif. Une invitation, en fait, à avancer par petits pas, avec audace, mais sans excès.

Une substance presque poétique qui contraste avec un gameplay frustrant digne du classique de Bennett Foddy… ou peut-être pas ? Les seules commandes permettent de bouger les jambes gauche et droite , ou de se baisser pour ramasser certains objets. Le cœur de l'expérience reste la marche, obtenue grâce à un contrôle précis des membres inférieurs. Si cela peut paraître compliqué au début, en quelques minutes, vous trouverez la cadence idéale, donnant presque l'impression d'une foulée. C'est probablement le système le plus simple que Foddy ait conçu dans son œuvre, et il est également très solide et précis. La frustration n'apparaît pas tant dans l'histoire principale que dans les défis secondaires, qui sont d'ailleurs les seuls succès possibles . Ce choix de conception s'explique par l'introduction du monde ouvert que Nate peut explorer, riche en attractions et en curiosités. Parcs d'attractions boueux, châteaux de sable et seaux géants, mais aussi structures en ruine à escalader. Tout y est, et c'est assez intriguant.  Cet intérêt pour les éléments étranges disséminés dans l'univers de Baby Steps contraste cependant avec l'ennui qui s'installe lentement à mesure que l'on marche . Marcher ne devient fascinant que dans les moments véritablement difficiles, comme escalader des parois rocheuses ou traverser des ponts de bois en ruine. Comparé à Getting Over It , perdre l'équilibre ou mal placer son pied est moins pénible, ce qui efface le sentiment d'avoir à affronter des moments à haut risque qui pourraient plus tard offrir de juteuses récompenses.

Une esthétique inhabituelle et imparfaite.

L'ennui potentiel inhérent au cœur du jeu est contrebalancé par la vivacité et le surréalisme de Baby Steps . Comme mentionné précédemment, le monde est vaste, ce qui renforce de manière inattendue le lien entre Nate et les autres personnages de l'histoire. Souvent, ce sont des moments hilarants qui enrichissent l'expérience. D'autres fois, cependant, les brèves esquisses manquent de profondeur. Une fois de plus, nous nous retrouvons confrontés à des hauts et des bas qui alternent dans un tourbillon d'émotions. La bande-son est unique . Au-delà des moments de silence, Baby Steps construit une bande-son composée de bruits, de cris d'animaux, de musique et d'effets divers. Un accompagnement complexe que tout le monde ne pourra pas assimiler, mais qui s'intègre parfaitement à l'esthétique du titre. En parlant d' attrait , graphiquement, le jeu semble volontairement imparfait . Les textures sont légèrement abîmées, les cheveux et les vêtements sont mal entretenus, et les animations rappellent parfois les films réalisés avec Garry's Mod. Ces éléments s'intègrent bien à l'esthétique de Baby Steps, mais cela ne constitue pas une excuse valable pour des erreurs plus grossières et évidentes, pouvant même compromettre les mouvements de Nate en cas d'interactions anormales entre les membres et des objets tels que des cactus, des branches ou des bancs. Un petit mot sur l'expérience sur PS5, le titre tourne  sans grand problème. Les commandes restent faciles et accessibles, mais il arrive parfois que la fréquence d'images chute de manière gênante.