Les larmes qui ravagent le visage du protagoniste, l'entrepreneur controversé et extrêmement riche Karsh ( Vincent Cassel), un homme qui dirige des cimetières d'avant-garde avec des restaurants high-tech attenants, ne dépendent pas du deuil tourmenté qui l'afflige depuis la mort prématurée de sa femme bien-aimée, mais plutôt de la douleur physique qu'il ressent alors qu'il est en rendez-vous avec son dentiste. Au lieu de cela, il a surmonté la douleur de la perte de sa femme en trouvant des moyens de s’enrichir davantage. En fait, grâce à son fort malaise face à la perte, il a développé un nouveau concept de cimetière de haute technologie, dans lequel à l'intérieur des pierres tombales, il est possible de voir, à travers une vidéo liée au cadavre, le corps du défunt pendant sa décomposition naturelle. L'homme a réussi, au moins en partie, à alléger ses souffrances, et le succès de son cimetière pour les riches semble confirmer le succès de ce projet extravagant. Lorsque ce lieu de culte devient la cible d'actes de vandalisme massifs, Karsh découvre, avec l'aide de son ex-beau-frère ( Guy Pierce ) et de la sœur divorcée de sa femme ( Diane Kruger ), qu'un complot diabolique se déroule dans le but de ruiner l'avenir de cet homme d'affaires.

À peine deux ans après "Les Crimes du futur", le réalisateur canadien David Cronenberg revient avec un nouveau film, une fois de plus sélectionné en Compétition au Festival de Cannes. Un film sur la douleur de la perte, son traitement et le culte des morts, dans lequel, cependant, la douleur, plus qu'une émotion qui provoque des larmes et de la douleur, est une sensation qui doit être élaborée avec des principes, des règles et des rites précis, schématiques, presque mathématiques.  L'obsession du corps changeant revient avec force, en l'occurrence due à la déchéance physique consécutive à la mort. L'obsession du double personnage, le frère, ou plutôt la sœur, du personnage au centre de toute la dispute, revient, comme dans Alter ego, peut-être le chef-d'œuvre le plus exemplaire d'une carrière extraordinaire. Cronenberg revient avec un projet « petit », limité en termes de budget et de lieu, clos sur lui-même comme les cercueils qui renferment les secrets d'une dévotion aussi inévitable et fatale qu'elle est, d'une certaine manière, comprise pour la première fois comme une synthèse parvenant à unir ceux qui vivent et vieillissent avec ceux qui sont décédés et continuent, à leur manière, de se transformer, chacun poursuivant son propre processus de mutation qui, pour la première fois, unit et réconforte. Bien sûr, les implications de l’intrigue derrière l’histoire peuvent paraître obscures et absconses, volontairement opaques et le produit d’une pensée tordue qui néanmoins fascine une fois de plus. Des acteurs soigneusement choisis se prêtent à servir le grand maître avec la loyauté de ceux qui se laissent guider par un personnage de grand charisme, et Vincent Cassel , de plus en plus anguleux et aux cheveux gris, physiquement en forme bien qu'il n'ait jamais paru aussi mature et transformé par les années, devient ici l'alter ego parfait d'un David Cronenberg autobiographique , qui trouve en partie la force et même la perversion artistique de raconter son histoire, dans le drame de la perte d'un être cher et dans le plein respect de son propre style narratif et de son obsession.