Scénario : Jeph Loeb
Dessin : Tim Sale
Yellow n'est pas tant une histoire d'origine retravaillée de Daredevil qu'un hommage à cette histoire originale, lorsque dans les premières sorties de Daredevil, son costume était principalement jaune. Les premiers travaux de Stan Lee et Bill Everett sur le personnage constituent la base de cette histoire, écrite par Jeph Loeb et dessinée par Tim Sale, collaborateur de longue date, avec le jaune comme couleur de prédilection. Il s'agit d'un complément aux histoires précédentes de Spider-Man et de Hulk, intitulées respectivement Blue et Grey. Yellow est centré sur les relations de Matt Murdock avec son premier amour Karen Page, son père Jack Murdock et son ami et partenaire commercial Foggy Nelson. Pour surmonter son chagrin après la mort de Karen, Murdock/Daredevil écrit une série de lettres racontant l'histoire de Daredevil en flash-back. L'histoire ne commence pas au tout début, lorsque Matt perd la vue, mais plutôt avec la carrière de boxeur et le meurtre de son père Jack. Il s'agit des premiers jours de Daredevil plutôt que d'une réimagination comme la version de Frank Miller.
L'écriture n'a pas ce " sentiment d'amour " pour Daredevil qu'a Miller (c'est la première et dernière sortie de Loeb sur Daredevil à ce jour) et c'est plutôt un hommage aux créateurs de Daredevil. Il marque cependant des points par son honnêteté et son rendu réaliste de la façon dont des émotions comme le chagrin et l'amour peuvent nous animer et nous marquer. Il est également question d'amitié, plus précisément de l'amitié entre Matt et Foggy Nelson, et de la façon dont elle reste un rouage majeur de l'histoire de Daredevil malgré leurs tensions et leurs désaccords. Ces deux hommes ont un amour et un respect sincères l'un pour l'autre, qui passent facilement inaperçus. Au bout du compte, les amours de Matt se sont succédées, mais Foggy est toujours resté. Les illustrations de Tim Sale sont d'une grande beauté, elles rappellent à la fois le style des années 1960 et un aspect résolument moderne. C'est un Daredevil classique dans sa simplicité, avec des cadres larges et fluides. Sale capture l'essence de l'histoire d'une manière sincère et émotionnelle, sans jamais s'écarter du sujet, et en apportant une fraîcheur de la vieille école à Daredevil et un sentiment profond et effrayant aux méchants. La couleur jaune prend tout son sens ici, car elle a rarement été aussi bien appliquée. Parfois, il s'agit d'un arrière-plan omniprésent, parfois d'une petite touche dans un mélange sale de gris, de marrons et de bleus. Il se peut qu'un effet sonore soit coloré en jaune, donnant à ce son particulier une netteté, l'accentuant au point que vous l'entendez presque, surtout lorsque le jaune a été absent pendant deux ou trois pages avant de surgir magistralement dans le cadre. Matt Hollingworth est un magicien, pas un coloriste. C'est la seule façon d'expliquer que la couleur jaune peut être à la fois sombre, dangereuse, sinistre, légère, joyeuse et pleine d'espoir sans perdre une seconde.
VERDICT
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Ce que Yellow réussit à faire, c'est résumer les véritables origines de Daredevil, ce qui en fait un bon point de départ pour les nouveaux venus dans le personnage. Stan Lee aurait dit que la chose qu'il voulait le plus dépeindre chez ses personnages était leurs pieds d'argile - leur humanité. Et bien que ces pieds d'argile soient représentés de manière si vivante, Yellow nous montre toujours que Daredevil est "l'homme sans peur".