Scénario : Severino Baraldi
Dessin : Corrado Roi
Ce nouveau tome de Dylan Dog est l'occasion de changer d'auteurs, puisque nous retrouvons Barbara Baraldi au scénario et Corrado Roi aux dessin. L'histoire commence par un étrange accident domestique (ou un meurtre choquant c'est selon) d'une femme, la mère de Sam, dont le fils a disparu dans des circonstances mystérieuses. Ce n'est pas le seul exemple de disparition de mineurs : tous les cas similaires sont liés par un seul indice commun, un ami imaginaire nommé Jack. C'est ce que la jeune et brillante psychologue pour enfants, Domitilla Foster, a découvert. Elle attend désormais Dylan Dog, expert en cas surnaturels, devant chez lui avant de lui demander son aide. L'intrigue se complique lorsqu'un étrange marionnettiste, le Grec Markus Kouvas, entre en scène avec le locataire de Craven Road 7, le médecin et l'inspecteur Rania Rakim qui finissent emprisonnés lors d'une réunion publique voulue par les parents des enfants disparus, menacés par les mêmes enfants devenus de dangereux psychopathes.
Le dessin de Roi s'avère plus sombre, onirique et transcendantal que jamais. L'expérience de UT a probablement fait évoluer davantage le trait et le style de l'artiste. Il s'agit d'un maître absolu dans l'utilisation du noir et des ombres, capable de rendre magique et mystérieuse toute situation. Baraldi avec cette histoire d'horreur écrite dans un style très classique et suggestif nous offre une excellente occasion de réfléchir sur la façon dont nous observons la réalité sans faire attention aux détails et sans poser les bonnes questions. Les parents d'enfants disparus sont en fait la cinquième roue du carrosse. La scénariste présente ensuite un sujet délicat : la cruauté des très jeunes protagonistes, qui se moquent de ces adultes inadéquats qui tentent de les élever ou de les gouverner en pensant qu'ils sont des créatures innocentes et délicates à former. La lecture renverse les perspectives : les "victimes" sont en colère, agressifs et sadiques, surtout parce qu'elles sont déçues par l'inattention, le vide de la pensée, le manque de considération ou de soin envers eux. Mais c'est surtout l'absence de contes de fées qui fait le mal, crée la douleur et la mort. Vous ne pouvez pas vivre dans un monde sans fantaisie où les aventures ne sont pas racontées. Dans un monde où tout est adouci par un joyeux style hollywoodien, comment un enfant peut-il comprendre où le mal commence et où le bien se termine, et vice versa ? Pourquoi les jeunes d'aujourd'hui commettent-ils des actes odieux sans vraiment en comprendre les conséquences ? Ce livre nous pousse à réfléchir profondément à des questions importantes, souvent sous-estimées. La seule critique que l'on pourra faire à Baraldi est celle d’avoir orchestré une histoire dans laquelle Dylan ne fait rien, ou presque, les événements se produisent tout simplement sans sa participation active, mais si nous devons vraiment être honnêtes, dans la vie de tous les jours, parfois, c'est comme ça.
VERDICT
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Berceuse macabre est une bande dessinée caractérisée par d'excellents présupposés narratifs qui ne mettent toutefois pas beaucoup en scène Dylan Dog. Vous trouverez un rythme destiné à transmettre l’angoisse et la consternation; ces émotions diminueront considérablement à mesure que vous vous plongerez dans la lecture au profit d'une approche plus philosophique.