Il y a des dates qu’on célèbre… et d’autres qui saignent. Le 28 août 1963, Martin Luther King électrise Washington de son mythique I have a dream. Vingt ans plus tard, presque jour pour jour, deux jeunes femmes noires sont retrouvées sauvagement massacrées à Manhattan, et un message est inscrit en lettres de sang (M2817) sur un mur mitoyen. Elles démarraient leur carrière comme avocates. C'est l'affaire des Career Girls dont le coupable ne sera jamais identifié. Coïncidence ? Message ? Revanche ? Ce double crime sanglant réveille les fantômes du passé… et donne le ton. Un policier de New York, Jack Kovalski, va devoir faire équipe avec un collègue de Washington, Jimmy Chang, d'origine asiatique, et le courant est loin de passer entre eux, surtout que Kovalski est du genre raciste ...

Laurent-Frédéric Bollée mêle faits réels et fiction dans une intrigue à tiroirs, rythmée, documentée, toujours percutante. En dévoilant très vite l’identité du meurtrier, il déplace l’attention sur la mécanique de la traque et les tensions humaines — notamment entre un flic bougon, franchement borderline, et son jeune coéquipier bien plus affuté qu’il n’y parait. Graphiquement parlant, Boris Beuzelin nous enferme dans un noir et blanc qui colle à la peau. Un trait rugueux, brut, sans échappatoire. Chaque page transpire la sueur, la colère, la peur. Les flashbacks sont autant de lames dans la continuité. Les regards sont chargés, les silences sont lourds. C’est graphique, dans tous les sens du terme. La mise en scène est sèche, tendue comme une corde. Et quand elle casse, c’est pour mieux nous claquer au visage.