Réalisé par Emmanuel Courcol.
Lorsque Thibaut Desormeaux (Benjamin Lavernhe) manie la baguette, les orchestres du monde entier dansent à son rythme. Jusqu'à ce que le célèbre chef d'orchestre ne donne plus lui-même le ton dans sa vie. Atteint de leucémie, Thibaut a besoin d'un don de moelle osseuse que sa sœur ne peut pas lui fournir. Car il s'avère qu'elle n'est pas sa sœur biologique et que Thibaut l'a adoptée. Le jeune frère de Thibaut, Jimmy Lecocq (Pierre Lottin), dont Thibaut ignorait jusqu'à l'existence, pourrait être le donneur. Celui-ci travaille dans une cantine scolaire d'une ville minière du nord de la France et joue du trombone dans la fanfare locale. Les deux frères se rencontrent grâce à leur amour de la musique. Et lorsqu'il y a un problème dans la fanfare, Thibaut donne un coup de main.
Dans le nouveau film d'Emmanuel Courcol, les thèmes que le réalisateur aborde sont essentiellement deux mauvaises nouvelles : une maladie qui s'est déclarée et un secret de famille révélé, dont les deux personnages principaux, écrits de manière merveilleusement réaliste, tirent le meilleur parti. Mais il s'agit surtout de la manière dont la musique est capable de rassembler les personnes les plus différentes. Et comme Courcol raconte cela de manière très équilibrée, avec tout ce qui fait partie de la vie, le public du cinéma ne fera pas que rire de bon cœur, il écrasera aussi quelques larmes. Le Français né en 1957 a déjà prouvé qu'il maîtrisait le tragicomique avec "Le triomphe" (2022). Dans ce film, un acteur déchu a mis en scène « En attendant Godot » de Samuel Beckett avec des détenus. L'un des acteurs du long métrage, Pierre Lottin, joue également un rôle important dans « Les sons faibles et les sons forts ». Un autre parallèle se dessine : ici comme ailleurs, Courcol entrelace un drame social avec une comédie située dans la sphère des beaux-arts, qui, pour une fois, ne se déroule pas à Paris. Si « Le triomphe » s'est déroulé autour de Lyon, Courcol s'est rendu dans le nord de la France, marqué par l'exploitation minière, pour « En fanfare ». Le succès de « Bienvenue chez les Ch'tis » (2008) s'en inspirait déjà pour souligner les différences culturelles. Mais le film ne pourrait pas être plus éloigné de la description parodique des personnages et de l'humour des « Ch'tis ». Courcol, qui a commencé sa carrière comme acteur, puis est passé à l'écriture de scénarios et enfin à la réalisation, est très attaché à l'authenticité. C'est pourquoi, avec sa co-scénariste Irène Muscari, il a écrit des personnages très terre à terre. Le chef d'orchestre incarné par Benjamin Lavernhe, qui est le pendant du personnage du frère de Pierre Lottin, n'est pas, malgré son succès, un snob détaché. Il n'a pas peur de se frotter à la classe ouvrière et ne prend pas de haut la fanfare de son frère lorsqu'il en devient brièvement le chef d'orchestre. Cela fait du bien au film, mais signifie aussi que la courbe de tension doit naître d'autres conflits que ceux habituels du commerce. Il est rafraîchissant de voir que, pour une fois, l'intrigue ne se déroule pas selon les schémas attendus. La maladie grave du personnage principal n'occupe pas une place trop importante (elle sert surtout de déclencheur qui met en route l'intrigue), et le décalage entre Paris et la province, entre le monde de la haute culture et celui de la classe ouvrière, ne joue aucun rôle. Au lieu de cela, Emmanuel Courcol met en avant le pouvoir de la musique à créer une communauté. Ceux qui, au vu du contexte minier, pensent à un film comme « Brassed Off » (1996) ou, plus généralement, aux comédies réalistes sur le plan social de la classe ouvrière, ne se trompent pas. « En fanfare » pourrait également se dérouler quelque part en Angleterre, dans la Ruhr ou en Belgique voisine. Si « Le triomphe » était un film à la mise en scène réaliste sur les absurdités particulières du système judiciaire, « En fanfare » est un film plus général sur les absurdités que la vie nous joue. Ce qui unit les deux tragi-comédies, c'est l'effet libérateur et exaltant qu'une forme d'art peut avoir face à de telles absurdités. Le final endiablé montre de manière impressionnante comment cela peut fonctionner. Pour trouver dans l'histoire du cinéma un plus beau facteur de frissons déclenché par la musique, il faut chercher longtemps.
VERDICT
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Résumé : Après « Le triomphe », le réalisateur français Emmanuel Courcol offre à son public un nouveau triomphe tragicomique. Cette fois, l'histoire ne se situe pas dans le monde du théâtre, mais dans celui de la musique. « En fanfare » est un film sur la famille, l'amitié et l'amour (fraternel), qui a les pieds sur terre et nous rappelle que la musique est à la portée de tous et qu'elle peut être un baume pour l'âme en toute circonstance.